Indigenes de la République 37

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Mémoire brûlante

jeudi 20 octobre 2005, par Kader AM

La commémoration des assassinats d’Algériens à Paris, le 17 octobre 1961, montre un combat d’actualité

In Politis n° 871 semaine du 13 au 19 octobre 2005 par Marion Dumand


La France n’en a pas fini avec son histoire coloniale. Tant et si bien que cette assertion fait parfois figure de nouveau cliché. Pourtant, à l’occasion du 17 octobre 1961, les commémorations de l’assassinat d’Algériens en plein Paris rappellent combien la mémoire reste douloureuse, la plaie vive et l’Etat français oublieux d’un passe sanglant. « Nous appelons, une fois encore, à un rassemblement, Ecrit le Collectif « 17 octobre 1961 », pour obtenir l’ouverture de toutes les archives sur cet Evénement, la reconnaissance officielle de ce massacre et sa prise en compte dans l’enseignement » Les manuels scolaires passent toujours sous silence cette journée, véritable concentré de la guerre d’Algérie et du sort réserve aux colonises. Le 5 octobre 1961, le préfet de police Maurice Papon publie un communiqué. Les « Français musulmans » sont invités à ne plus circuler dans la capitale et sa banlieue entre 20 heures et 4h30, tandis qu’en pleine journée, il leur faut rester isolés, « les petits groupes risquant de paraître suspects aux rondes et patrouilles de police ». Le 17 octobre de la même année, 30 000 Algériens et Algériennes manifestent contre cette décision. La répression est terrible » : au moins 200 morts, des blessés par milliers et 12 000 arrestations.

En 2005, vingt-cinq mouvements appellent à manifester, qu’ils soient syndicaux (Sud-Education, Sgen-CFDT, ...), politiques (PCF, LCR, Verts, ...) ou associatifs (MRAP, qui réédite pour l’occasion ses communiqués en date du 12 et du 18 octobre 1961, LDH, ...). Tous combattent pour l’Histoire et surtout pour le présent » : ne demandent-ils pas l’abrogation de l’article 4 de la loi du 23 fÉvrier 2005, qui ne mentionne que « le rôle positif de la présence française outre-mer », mais aussi l’arrêt des hommages aux membres de l’OAS et la levée des sanctions prononcées contre les archivistes, témoins lors du procès Papon contre Einaudi » ? Preuve que le gouvernement français est loin d’avoir tourner la page de ce passé peu glorieux, pire, qu’il tente encore aujourd’hui de le travestir, au risque de le voir s’enraciner et bourgeonner maintenant dans la société. « La France officielle occulte son passé colonial pour entretenir le mythe de la république Egalitaire et masquer ainsi les multiples discriminations présentes », dénoncent ainsi les Indigènes de la République, signataires de l’appel et auteurs d’un tract indépendant. Le parallèle est établi entre les colonisés d’alors et les « indigènes d’aujourd’hui, noirs d’Afrique ou des Dom-Tom, arabes, musulmans, enfants de l’immigration post-coloniale, (...) à peine tolérés au sein de l’espace public, (...) condamnés à l’invisibilité ’ »républicaine ».

Voilà peut-être l’originalité de cette commémoration 2005 » : la mémoire coloniale se retrouve investie par une nouvelle génération de Français, fils et filles d’anciens « indigènes », qui multiplient les événements autour du 17 octobre 1961, partout en France (voir ci-dessous). Non sans maladresse et provocation. Car, comme le rappelle Saïd Bouamama, sociologue et membre des Indigènes - Lille, « au sein de ce mouvement tout jeune, il nous faut en permanence naviguer entre la volonté de construire un « nous » politique et d’afficher un « nous » d’affirmation, issu d’une souffrance longtemps occultée. » Ainsi, en parallèle d’un tract -sujet de débats internes- qui affirme un « nous (...), mémoire vivante des atrocités coloniales », les Indigènes de Paris, Lille, Lyon et Aix voient dans la commémoration du 17 octobre un symbole pour leur lutte mais aussi la constitution d’une mémoire française. Sans en exclure aucun de ses protagonistes.

Marion Dumand

A l’appel du Collectif "17 octobre 1961", une manifestation aura lieu le 17 octobre 2005 à 18h30 à Paris, sur le Pont Saint-Michel, suivi d’une marche symbolique jusqu’au Palais de Justice.


Le 17 octobre 1961 des Indigènes :

Les Indigènes de la République organisent manifestations et débats autour de la journée du 17 octobre, souvent en partenariat avec le tissu associatif local, voire national. Pour que la mémoire du massacre parisien franchisse un peu plus les limites du périphérique » :

Aix : le 22 octobre, vers 16h, projection du film "17 octobre, une journée portée disparue", suivie d’une intervention de Philippe Chouard, à la Maison Méditerranéenne des Sciences de l’Homme, 5 rue du Château de l’Horloge.

Lille : le 17 octobre, à 20h30, marche aux flambeaux de la Grand Place à la place de la République. Le 22 octobre, à 14h, la rue Faidherbe sera rebaptisée du nom d’un militant français anticolonialiste.

Lyon : le 16 octobre, vers 14h, manifestation place du Pont, avec l’association Ici et là-bas. Le 18 octobre, de 18h30 à 23 h, débat avec Gilles Manceron, Laurent Lévy et un intervenant du MIB, au Centre Culturel Œcuménique, 39 rue Georges Courteline, Villeurbanne.

Nanterre : le 19 octobre, à 20h, débat "Du 17 octobre 1961 aux discriminations d’aujourd’hui » : quels liens ?" avec Gilles Manceron et Sidi Mohammed Barkat, Salle des Guignons, bd de la Seine.

Paris : le 17 octobre, après le rassemblement du collectif "17 octobre 1961", défilé aux flambeaux tout au long des quais de la Seine, à partir de 20h.

Tours : le 17 octobre, à 20h30, rassemblement sur le Pont de Fil, avec actions symboliques.

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