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Géniales les Mamies !

Les 18 Grannies acquitées.

ou "enfin une bonne nouvelle qui nous vient des USA !"

vendredi 2 juin 2006, par Kader AM


New York USA - Des membres de La Brigade des Grand -Mères (Grannies) au tribunal pour action non violente anti-guerre.

18 grand mères anti-guerre ont refusé un compromis juridique et se sont rendues au Tribunal où elles doivent être jugées pour s’être rassemblées devant un centre de recrutement de l’armée américaine à Times Square New York où elles étaient venues pour s’engager dans l’armée le 17 octobre 2005 en signe de protestation contre la guerre d’Irak. N’ayant pu rentrer, elles ont organisé un "sit in" devant le centre.

"Venir devant ce maudit tribunal ce n’ai rien en comparaison de ce qui arrive au peuple irakien" a lancé Marie Runyon 91 ans.

Les "Grannies", dont l’âge varie entre 50 et 91 ans, risquaient jusqu’à 15 jours de prison et/ou 250 dollars d’amende pour trouble à l’ordre public, blocage de la voie piétonne et refus d’obéir à un ordre (d’évacuation).

Marie Runyon, 91 ans, agitant sa cane, dit : "la guerre en Irak est mauvaise et nous sommes toutes contre elle et nous ferons tout notre possible, tout ce que nous pouvons pour l’arrêter".

Les Grannies ont refusé le compromis parce qu’elles estiment qu’elles n’ont rien fait de mal en s’asseyant devant le bureau de recrutement. Elles étaient allées au centre de recrutement parce qu’elles voulaient s’y enrôler pour éviter à leurs petits enfants d’avoir à combattre, bien qu’aucune d’entre elles n’ait de petits enfants servant dans l’armée. Comme la porte était fermée, elles se sont assises mais nient avoir bloquer le passage. L’une des fondatrices de la "Granny Peace Brigade", Joan Wile, 74 ans, a dit que le fait qu’elles n’avaient pas de petits enfants dans l’armée n’était pas un problème. "Nous sommes venus ici pour des raisons plus larges, nous avons le cœur brisés à cause de ces jeunes américains et irakiens qui meurent dans cette guerre".

Une autre Grannie, Vinie Burrows, qui n’a pas voulu révélé son âge, a ajouté : "Nous avons le droit d’être en colère. La guerre en Irak, s’est aussi une guerre contre le peuple américain, parce que les billions de dollars dépensés pour cette guerre sont pris aux services sociaux, à la santé et l’éducation".

Elles ont toutes plaidé non coupables et certaines affirment même qu’elles refuseront, si elles sont reconnues coupables, de payer quoi que ce soit.

Ce jeudi 27 avril, pour leur dernier jour de comparution, les Grannies avaient mobilisé plus de 100 autres Grannies devant le Tribunal, toutes s’époumonant à crier : " On ne nous fera pas taire". Finalement les 18 Grannies ont été disculpées, le Tribunal ayant rejeté les charges portées contre elles.

Source : New York Daily News, AFP, Reuters, 20, 27/04/06

Pris sur le site de Planète Non Violente : http://www.planetenonviolence.org


Compte-rendu de l’audience réalisé par : ANEMONA HARTOCOLLIS

Elles sont venues, elles ont dérangé, elles ont conquis.

18 « grannies » qui avaient été ramassées par la police municipale de New York, qui avaient été menottées, emmenées dans des camionnettes de la police et emprisonnées pendant 4h1/2 ont été acquittées hier de l’accusation d’avoir bloqué l’entrée d¹un centre de recrutement militaire à Times Square quand elles ont essayé de s¹enrôler.

Après six jours de procès sans jury, les grands-mères et des dizaines de leurs supporters ont rempli la salle de la Cour criminelle de Manhattan Pour savoir si elles seraient jugées coupables de deux chefs d¹accusation de désordre sur la voie publique pour avoir refusé de bouger, ce qui pouvait leur coûter 15 jours de prison. Les femmes appellent leur groupe la « Brigade de paix des grands-mères » et avaient dit qu’elles voulaient rejoindre les forces armée et offrir ainsi leur vie à la place de soldats plus jeunes en Irak.

Les femmes, âgées de 59 à 91 ans, beaucoup avec des cheveux gris, certaines portant une canne, l’une légalement aveugle, une autre avec un déambulateur, écoutèrent avec gravité et dans un suspens évident le juge Neil E. Ross prononcer son jugement de 15 minutes, aux mots pesés avec soin, dans lequel il a dit que son verdict n’était pas un référendum sur le département de la police, le message anti-guerre des accusées ni non plus le fait qu’elles étaient grands-mères.

Mais, a-t-il dit, il y avait des évidences crédibles que les grands-mères avaient laissé de la place pour permettre à des gens d’entrer dans le centre de recrutement et que donc, elles avaient été arrêtées à tort.

Ensuite, il les déclara non coupables, concluant que « toutes les accusées étaient relaxées. »

Les femmes qui étaient assises dans le box du jury à l’invitation du juge pour leur faciliter d’entendre et de voir, ont collectivement dit « Oh ! » et ont éclaté en applaudissements, s’élançant aussi rapidement que pouvaient le faire des femmes de leur âge, pour acclamer et embrasser leurs avocats, Norman Siegel, l’ancien président de « L’Union des libertés civiles de New York et Earl Ward.

« Ecoutez vos grands-mères, elles savent mieux, » cria Joan Wile, 74, une chanteuse de cabaret à la retraite et auteure de jingles, qui était une des accusées.

Hors du tribunal, quelques minutes plus tard les femmes entonnèrent leur hymne non officiel, « Dieu, aide l’Amérique, » composé par Kay Sather, une membre d’un groupe-soeur en Arizona, « Les grands-mères déchaînées de Tucson », et qui dit, « Dieu, aide l’Amérique, nous avons vachement besoin de vous parce que nos dirigeants sont des tricheurs, et ils rendent vraiment le monde fou. »

Le procès a été extraordinaire ne serait-ce que parce qu’il a donné l’occasion à 18 femmes passionnées, avec certaines dont le militantisme politique remontait à l’exécution d’Ethel et Julius Rosenberg, une chance de témoigner longuement de leurs sentiments anti-guerre et de leur attachement à la liberté d’expression et de dissidence, dans une salle de tribunal qui avait attiré des journalistes de France et d’Allemagne.

Malgré les réserves du juge, le verdict est une victoire de plus dans une série de victoires de protestataires arrêtés par la police new-yorkaise depuis l’invasion de l¹Irak.

Alors qu’il y avait eu 300 personnes détenues pour des délits mineurs pendant les manifestations lors de la convention républicaine de 2004, peu ont été condamnés. Au début de l’année aussi, un juge de l’état a rejeté les efforts de la ville d’annuler « Critical Mass (Masse critique) » un rassemblement mensuel à bicyclette dans Manhattan.

« J’étais sûre que nous étions fichues, » a dit Lillian Rydell, 86, une accusée, qui pendant le procès avait témoigné qu¹elle « avait été à l’école des coups, » au lieu d’une école supérieure.

« J’aime tout le monde, » dit-elle. Les accusées appellent « grands-mères » car elles sont suffisamment âgées pour l’être, même si certaines ne le sont pas, et parce que d’après elles, les grands-mères sont une valeur américaine centrale, comme le patriotisme, comme maman et la tarte aux pommes.

Quand tout fut terminé, les grands-mères semblaient prêtes à recommencer. « La décision d’aujourd’hui dit que le Premier Amendement vous protège pour des manifestations pacifiques, » dit Mr Siegel, s’adressant à ses clientes hors du tribunal après le verdict. « Donc, faites-le ! »

Et les grannies l’acclamèrent.


La “Granny Peace Brigade” ou "Grandmothers against the War" est affiliée à un groupe beaucoup plus large qui rassemble plusieurs organisations, "Grand Mothers for Peace International".


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