mardi 13 décembre 2005, par Claude
L’époque accouche d’un coeur
Par Silvio Rodriguez (Cuba) - 1968
J’ai demandé à mon ombre
comment je fait pour rire,
pendant que les pleurs, avec une voix de temple,
font irruption dans la salle,
arrosant le temps.
Mon ombre dit que rire
c’est voir les pleurs comme mes pleurs,
et je me suis tu, désespéré
et alors j’entends :
la terre pleure.
L’époque accouche d’un cœur,
elle n’en peut plus, elle meurt de douleur
et il y faut lui venir en aide en courant puisque le futur s’écroule
dans n’importe quelle forêt du monde,
dans n’importe quelle rue.
Je dois laisser la maison et le fauteuil,
la mère vit jusqu’à ce que le soleil couche,
et il faut brûler le ciel si cela est nécessaire
pour vivre,
pour n’importe quel homme du monde,
pour n’importe quelle maison.
LA ERA ESTÁ PARIENDO UN CORAZÓN Silvio Rodríguez (Cuba) - 1968
Le he preguntado a mi sombra a ver como hago para reírme, mientras el llanto, con voz de templo, rompe en la sala regando el tiempo.
Mi sombra dice que reírse es ver los llantos como mi llanto, y me he callado, desesperado y escucho entonces : la tierra llora.
La era está pariendo un corazón, no puede más, se muere de dolor y hay que acudir corriendo pues se cae el porvenir en cualquier selva del mundo, en cualquier calle.
Debo dejar la casa y el sillón, la madre vive hasta que muere el sol, y hay que quemar el cielo si es preciso por vivir, por cualquier hombre del mundo, por cualquier casa.