Indigenes de la République 37

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"Ils ne sont pas malheureux, ils sont musulmans", ou quand Finkielkraut, le philosophe de la République se lâche... dans la presse israélienne

jeudi 24 novembre 2005, par Solibô

Extraits d’un reportage de six pages dans le supplément hebdomadaire de Haaretz daté du 18 novembre.

Pour contribution au débat : traduction de l’hébreu - extraits - Michel Warschawski - Michèle Sibony.

Tous les passages en italiques sont des traducteurs.


Le philosophe Alain Finkielkraut, l’un des plus célèbres intellectuels francais et porte drapeau de la guerre contre le nouvel antisémitisme ne peut pas entendre parler maintenant de racisme français, de pauvreté et d’exclusion. Qu’on le laisse tranquille avec ce discours mensonger. De son point de vue, tout est clair, malgré tout ce que la France a fait pour eux, les fils d’immigrés islamiques la haïssent. C’est comme çà dans leur culture. Et les belles âmes bourgeoises et les écoles ramollies les encouragent. Et la France s’en va au diable.

Les réponses de Finkielkraut ont visiblement étonné les journalistes qui l’ont interrogé à Paris. Ils signalent que « pourtant elles n’émanent pas du front national mais de la bouche d’un philosophe qu’on considérait autrefois comme l’un des porte parole de la gauche française, et l’un des philosophes qui ont mûri dans la révolte des étudiants de mai 68 » Ils précisent d’entrée de jeu que Alain Finkielkraut lors de ses réponses insiste et revient régulièrement sur le fait que « il ne peut plus dire (cela ) en France », « on ne peut pas dire ça en France » « il est peut être dangereux de dire ça en France ».

Premier épisode : sur les émeutes en France.

Question : Dans la presse française les émeutes dans les banlieues sont perçues surtout comme un problème économique, une réaction violente à une situation de pauvreté dure et de discrimination, alors qu’en Israël on a plutôt tendance à penser que l’origine de cette violence est religieuse ou du moins ethnique. C’est-à-dire à voir en elle un élément du combat islamique. Comment vous situez vous par rapport à ces différentes positions ?

Réponse : En France on voudrait bien réduire les émeutes à leur niveau social. Voir en elles une révolte de jeunes de banlieues contre leur situation, la discrimination dont ils souffrent et contre le chômage. Le problème est que la plupart de ces jeunes sont noirs ou arabes et s’identifient à l’Islam. Il y a en effet en France d’autres émigrants en situation difficile, chinois, vietnamiens, portugais, et ils ne participent pas aux émeutes. Il est donc clair qu’il s’agit d’une révolte à caractère ethnico-religieux.

Question : Et d’où vient-elle ? Est ce une réponse des Arabes et des Noirs au racisme dont ils sont victimes ?

Réponse : Je ne le pense pas, parce que cette violence a été précédée de signes annonciateurs très préoccupants que l’on ne peut réduire à une simple réaction au racisme français. Prenons par exemple les événements qui ont accompagné il y a quelques années le match de football France-Algérie, ce match s’est déroulé à Paris au stade de France, on nous dit que l’équipe de France est adorée par tous parce qu’elle est « black blanc beur », en fait aujourd’hui elle est black black black ce qui fait ricaner toute l’Europe. Si on fait une telle remarque en France on va en prison mais c’est quand même intéressant que l’équipe de France de football soit composée presque uniquement de joueurs noirs. Quoiqu’il en soit cette Equipe est perçue comme le symbole d’une société multi ethnique, ouverte etc... Le public dans le stade, des jeunes d’origine algérienne, ont hué pendant tout le match cette même équipe. Ils ont même hué la Marseillaise et le match a du être interrompu quand les jeunes ont envahi le terrain avec des drapeaux algériens. Et il y a aussi les paroles des chansons de rap, des paroles très préoccupantes, de véritables appels à la révolte, je crois qu’il y en a un qui s’appelle docteur R qui chante « je pisse sur la France je pisse sur de Gaulle » etc... ce sont des déclarations très violentes de haine de la France, Toute cette haine et cette violence s’expriment maintenant dans les émeutes, y voir une réponse au racisme français c’est être aveugle à une haine plus large : la haine de l’occident qui est responsable de tous les crimes. La France découvre cela aujourd’hui.

Question : Cela signifie d’après vous que ces émeutes ne sont pas orientées contre la France mais contre tout l’Occident ?

Réponse : Non, elles sont orientées contre la France, comme ancienne puissance coloniale, contre la France, pays européen. Contre la France avec sa tradition chrétienne, ou judéo chrétienne. (.../...)

Question : Est ce que vous pensez que la source de cette haine envers l’Occident parmi les Français qui participent à ces émeutes est dans la religion, dans l’Islam ?

Réponse : Sur ce sujet il faut être clair, c’est une question très difficile et il faut essayer de garder un langage de vérité. On a tendance à avoir peur du langage de vérité, pour des raisons « nobles ». On préfère dire « les jeunes » que « noirs » ou « arabes ». Mais on ne peut sacrifier la vérité quelques soient les nobles raisons. Il faut bien entendu éviter les généralisations : Il ne s’agit pas de tous les noirs et de tous les arabes, mais d’une partie des noirs et des arabes. Et évidemment la religion, non pas comme religion, mais comme ancre d’identité joue un rôle. La religion telle qu’elle apparaît sur internet et les chaînes de télévision arabes, sert d’ancre d’identification pour certains de ces jeunes. Contrairement à d’autres, moi je n’ai pas parlé d’Intifada des banlieues, et je ne pense pas qu’il faille utiliser ce terme. J’ai pourtant découvert qu’eux aussi envoyaient en première ligne de la lutte les plus jeunes, et vous en Israël vous connaissez çà, on envoie devant les plus jeunes parce qu’on ne peut pas les mettre en prison lorsqu’ils sont arrêtés. Quoiqu’il en soit ici il n’y a pas d’attentats et on se trouve à une autre étape : je pense qu’il s’agit de l’étape du pogrom anti-républicain. Il y a des gens en France qui haïssent la France comme république.

Question : Mais alors pourquoi ? Pour quelle raison ?

Réponse : Pourquoi est ce que le monde arabo-musulman en partie du moins a déclaré la guerre à l’occident ? La République est la version française de l’Europe. Eux et ceux qui les justifient disent que cela provient de la fracture coloniale. D’accord, mais il ne faut pas oublier que l’intégration des travailleurs arabes en France à l’époque du pouvoir colonial était beaucoup plus simple. C’est-à-dire que c’est une haine à retardement, une haine a posteriori. Nous sommes témoins d’une radicalisation islamique qu’il faut expliquer dans sa totalité avant d’arriver au cas français, d’une culture qui au lieu de s’occuper de ses propres problèmes recherche un coupable extérieur. Il est plus simple de trouver un coupable extérieur. Il est séduisant de se dire qu’en France tu es exclu et « donnez-moi ! donnez-moi ! » Ca n’a jamais marché comme cela pour personne et ça ne peut pas marcher.

Deuxième épisode : de l’école en France et des bienfaits du colonialisme.

Aux Etats unis également nous sommes témoins de l’islamisation des noirs. C’est Lewis Farkhan en Amérique qui le premier a dit que les juifs ont joué un rôle central dans l’esclavagisme. Et le principal porte parole de cette théologie en France aujourd’hui c’est Dieudonné, c’est lui qui est aujourd’hui le vrai patron de l’antisémitisme en France, et non le front national. Mais en France au lieu de combattre son discours on fait précisément ce qu’il demande : on change l’enseignement de l’histoire coloniale et de l’histoire de l’esclavage dans les écoles. On y enseigne aujourd’hui l’histoire coloniale comme une histoire uniquement négative. On n’enseigne plus que le projet colonial voulait aussi éduquer, apporter la civilisation aux sauvages. On ne parle que des tentatives d’exploitation, de domination, et de pillage. Mais en fait qu’est ce que veut Dieudonné ? Il exige une « shoah » et pour les arabes et pour les noirs, mais si l’on met la shoah et l’esclavage sur le même plan alors on est obligé de mentir, car ce n’était pas une shoah. Et ce n’était pas un crime contre l’humanité parce que ce n’était pas seulement un crime. C’était quelque chose d’ambivalent. Ainsi en est-il également de l’esclavage. Il a commencé bien avant l’Occident. En fait, la spécificité de l’Occident pour tout ce qui concerne l’esclavage c’est justement tout ce qui concerne son abolition. L’abolition de l’esclavage est une question européenne et américaine. Cette vérité là sur l’esclavage il est maintenant interdit de l’enseigner dans les écoles.

C’est pourquoi tous ces événements là m’attristent beaucoup : non pas parce qu’ils se sont produits, après tout il fallait être aveugle et sourd pour ne pas voir qu’ils auraient lieu, mais à cause des explications qui les accompagnent. Elles sont un coup mortel à la France que j’ai aimée, et j’ai toujours dit que la vie deviendrait impossible pour les juifs de France quand la francophobie vaincrait, et c’est ce qui va se passer. Ce que j’ai dit maintenant les juifs le comprennent. Tout d’un coup ils regardent autour d’eux et voient tous les « bobos » qui chantent des louanges aux nouveaux « damnés de la terre » et se disent : qu’est ce que c’est que ce pays, que lui est il arrivé ?

Question : Puisqu’il s’agit selon vous d’une offensive islamique, comment expliquez vous que lors des derniers événements les juifs n’ont pas été attaqués ?

Réponse : Premièrement on dit qu’une synagogue a été attaquée. Mais je pense que ce qu’on a vécu c’est un pogrom anti-républicain. On nous dit que ces quartiers sont délaissés et que les gens sont dans la misère. Quel lien y a-t-il entre la misère et le désespoir et brûler des écoles ? Je pense qu’aucun juif ne ferait jamais çà. Ce qui unit les juifs - laïques, religieux, de la Paix Maintenant ou partisans du grand Israël - c’est un mot, le mot schlule (lieu d’étude) [1] c’est ce qui nous unit tous comme juifs. Et j’ai été tout simplement scandalisé de ces actes qui se sont répétés et encore plus scandalisé par la compréhension qu’ils ont rencontré en France. On les a traités comme des révoltés comme des révolutionnaires. C’est la pire des choses qui pouvait arriver à mon pays et je suis très malheureux. Pourquoi ? Parce que le seul moyen de surmonter c’est de les obliger à avoir honte. La honte c’est le début de la morale. Mais au lieu de les pousser à avoir honte, on leur a donné une légitimité : ils sont « intéressants ». Ils sont « les damnés de la terre ». Imaginez un instant qu’ils soient blancs comme à Rostock en Allemagne on dirait immédiatement : le fascisme ne passera pas. Un arabe qui incendie une école c’est une révolte, un blanc c’est du fascisme. Je suis daltonien : le mal est le mal, peu importe sa couleur. Et ce mal là pour le juif que je suis est totalement inacceptable. Pire, il y a là une contradiction, car si effectivement ces banlieues étaient dans une situation de délaissement total, il n’y aurait pas de salles de sport à incendier, il n’y aurait pas d’écoles et d’autobus. S’il y a des gymnases des écoles et des autobus, c’est que quelqu’un a fait un effort. Peut-être insuffisant mais un effort quand même.

Question : Mais pourtant le taux de chômage dans les banlieues est insupportable, près de 40% des jeunes entre 15 et 25 ans n’ont aucune chance de trouver un travail ?

Réponse : Revenons un moment à la schule. Lorsque les parents t’envoient à l’école, est-ce que c’est pour trouver un travail ? Moi on m’a envoyé à l’école pour apprendre. La culture et l’éducation ont une justification en elles même. Tu vas à l’école pour apprendre, c’est çà le but de l’école. Et ces gens qui détruisent des écoles, que disent-ils en fait ? leur message n’est pas un appel à l’aide ou une exigence de plus d’écoles ou de meilleures écoles, c’est la volonté de liquider les intermédiaires entre eux et les objets de leurs désirs. Et quels sont les objets de leurs désirs c’est simple : l’argent, les marques, et parfois des filles. C’est pourquoi il est certain que notre société a sa responsabilité, parce qu’ils veulent tout maintenant et ce qu’ils veulent c’est l’idéal de la société de consommation. C’est ce qu’ils voient à la télévision.

Troisième épisode : non à l’antiracisme.

..../... Mais justement le philosophe juif qui lutte contre l’antisémitisme pour entrer en guerre contre « la guerre antiraciste ». (fin des commentaires des journalistes) « Je suis né à paris et suis le fils d’immigrants polonais, mon père a été déporté de France, ses parents ont été déportés et assassinés à Auschwitz, mon père est rentré d’Auschwitz en France. Ce pays mérite notre haine. Ce qu’il a fait à mes parents était beaucoup plus brutal que ce qu’il a fait aux Africains. Qu’a-t-il fait aux Africains ? Il n’a fait que du bien. Mon père, il lui a fait vivre l’enfer pendant 5 ans. Et on ne m’a jamais enseigné la haine. Aujourd’hui la haine des noirs est encore plus forte que celle des arabes.

Question : Mais justement vous qui combattez le racisme anti-juif affirmez que la discrimination et le racisme dont parlent ces jeunes n’existent pas en réalité ?

Réponse : Bien sûr qu’il y a une discrimination. Et il y a certainement des Français racistes. Des Français qui n’aiment pas les arabes et les noirs. Et ils les aimeront encore moins maintenant quand ils prendront conscience de combien eux même les haïssent. C’est pourquoi cette discrimination va s’approfondir pour tout ce qui concerne le logement et aussi le travail. Imaginez que vous gérez tous deux un restaurant et vous êtes antiracistes, vous pensez que tous les hommes sont égaux et en plus vous êtes juifs, c’est-à-dire que pour vous parler d’inégalité entre les race pose problème, et imaginez qu’un jeune des banlieues vienne demander un emploi de serveur, il a l’accent des banlieues, vous ne l’engagerez pas, c’est très simple. Vous ne l’engagerez pas parce que c’est impossible. Il doit vous représenter, et ceci exige de la discipline de la politesse et une manière de parler. Et moi je peux vous dire que même des Français blancs qui copient aujourd’hui les codes de conduite des banlieues, et cela existe, se heurteront au même problème exactement. La seule manière de lutter conte la discrimination est de revenir aux exigences, une éducation sévère, c’est le seul moyen. Mais cela aussi il est interdit de le dire. Je ne le peux pas. Ce sont des choses du bon sens auxquelles on préfère le mythe du « racisme français ». Ce n’est pas juste. Nous vivons aujourd’hui dans un environnement de « guerre permanente contre le racisme », et il faut étudier la nature de cet antiracisme. Tout à l’heure j’ai entendu à la radio quelqu’un qui s’opposait à la décision du ministre de l’intérieur Sarkozy d’expulser quiconque n’a pas la citoyenneté française a participé aux émeutes et a été arrêté. Et qu’a-t-il dit ? Qu’il s’agissait d’une « épuration ethnique ». J’ai combattu pendant la guerre de Yougoslavie contre l’épuration ethnique des musulmans en Bosnie. Aucune organisation musulmane française ne s’est jointe à nous, ils ne se sont réveillés que pour soutenir les Palestiniens. Et maintenant on parle d’épuration ethnique ? Il n’y a pas eu un seul mort pendant ces émeutes, en fait si, il y en a eu deux mais c’était un accident. On ne les poursuivait pas mais ils se sont enfuis et cachés dans un transformateur électrique malgré les panneaux d’avertissement qui étaient énormes. Mais je pense que l’idée généreuse de guerre contre le racisme se transforme petit à petit monstrueusement en une idéologie mensongère. L’antiracisme sera au vingt et unième siècle ce qu’a été le communisme au vingtième. Aujourd’hui les juifs sont attaqués au nom du discours antiraciste : la barrière de séparation, « sionisme égal racisme », la même chose en France. Il faut se garder de l’idéologie de l’antiracisme. Bien sûr il y a un problème de discrimination, il y a un réflexe xénophobe c’est vrai, mais présenter les événements comme une réaction au racisme est tout à fait mensonger, tout à fait mensonger.

Question : Que pensez-vous des moyens qu’utilise le gouvernement français pour mettre fin à la violence, l’état d’urgence, le couvre feu ?

Réponse : Mais c’est tellement normal ! Ce que nous avons vécu est terrible. Il faut comprendre que ceux qui ont le moins de pouvoir dans la société sont les autorités, les gouvernants. C’est vrai ils sont responsables du maintien de l’ordre, et c’est important parce que sans eux il y aurait eu une autodéfense, et les gens auraient tiré. Alors ils maintiennent l’ordre et font cela avec une prudence extraordinaire, il faut les saluer pour cela. En mai 68, il y avait un mouvement tout à fait innocent comparé à celui d’aujourd’hui et il y a eu une violence policière. Ici on jette des cocktails Molotov et on tire à balles réelles. Et il n’y a eu aucun cas de violence policière. (note des journalistes : depuis l’interview plusieurs policiers ont été arrêtés suspectés de violence) Il n’y a aucun précédent. Comment maintenir l’ordre ? Par des moyens dictés par le bon sens, que soit dit en passant 73% des français soutiennent d’après une enquête du journal le Parisien. Mais je pense qu’il est trop tard pour provoquer chez eux la honte, parce que à la télévision, à la radio et dans les journaux, ou du moins dans la plupart d’entre eux, on présente aux émeutiers un miroir embellissant. Ce sont des gens « intéressants », on flatte leur souffrance et on comprend leur désespoir. En plus il y a la grande perversion du spectacle. On brûle des voitures pour qu’on puisse le voir à la télévision, cela leur permet de se sentir « importants » de sentir qu’ils vivent dans un quartier important, cette course après le spectacle doit être analysée, elle produit des effets tout à fait pervers. Et la perversion du spectacle est accompagnée de commentaires tout à fait pervers.

.../...

Si cela ne leur plaît pas qu’ils rentrent chez eux.

On dit que le modèle républicain s’est effondré dans ces émeutes. Mais le modèle multiculturel ne va pas mieux. Ni en hollande ni en Angleterre. A Bradford et à Birmingham aussi ont eu lieu des émeutes sur fond racial. Deuxièmement l’école républicaine, le symbole du modèle républicain n’existe plus depuis longtemps. Je connais l’école républicaine j’y ai étudié. C’était une institution avec des exigences sévères, austère, assez antipathique, qui avait construit de hautes murailles pour se protéger du bruit de l’extérieur. Trente années de réformes stupides ont changé ce paysage. L’école républicaine a été remplacée par « la communauté éducative », horizontale et non verticale, on a révisé à la baisse les programmes scolaires, le bruit de l’extérieur est entré, la société est rentrée dans l’école. Ce qui signifie que ce que nous voyons aujourd’hui c’est en fait l’échec du modèle post républicain « sympa ». Le problème avec ce modèle c’est qu’il se nourrit de ses propres échecs : chaque fiasco est une raison pour le rendre encore plus extrême. L’école sera encore plus « sympa ». En fait, face à ce que nous voyons, le minimum de ce que nous devons exiger c’est la sévérité et plus d’exigence. Sinon on aura bientôt des « cours de délinquance ». Ceci est une évolution caractéristique de la démocratie. La démocratie comme processus ainsi que l’a bien montré Tocqueville, ne supporte pas l’horizontalité. En démocratie il est difficile de supporter des espaces non démocratiques. Tout doit être démocratique dans la démocratie. Mais l’école ne peut pas être ainsi. Elle ne le peut pas. L’asymétrie saute pourtant aux yeux : entre celui sait et celui qui ne sait pas, entre celui qui apporte avec lui un monde, et celui qui est nouveau dans ce monde. Le processus démocratique a provoqué une délégitimité de cette asymétrie. C’est un phénomène général dans le monde occidental, mais en France il prend une forme plus pathétique, parce que l’une des caractéristiques de la France était son éducation sévère. La France a été construite autour de son école.

Question : Beaucoup de jeunes disent que le problème est qu’ils ne se sentent pas Français, que la France ne les traite pas comme des Français.

Réponse : Le problème est qu’il faut qu’ils se considèrent eux même comme Français. Si les immigrants disent : « les Français » quand ils partent des blancs, alors on est perdu. Si leur identité se trouve ailleurs et ils sont en France par intérêt alors on est perdu. Je dois reconnaître que les juifs aussi commencent à utiliser cette expression, je les entends dire « les Français » et je ne peux pas supporter çà. Je leur dis « si pour vous la France n’est qu’une question d’intérêt et votre identité est le judaïsme alors soyez cohérents avec vous-même vous avez Israël ». C’est effectivement un grand problème : nous vivons dans une société post nationale dans laquelle pour tout le monde l’Etat n’est qu’une question d’intérêt , une grande compagnie d’assurance, il s’agit là d’une évolution très grave. Mais s’ils ont une carte d’identité française ils sont Français et s’il n’en ont pas ils ont le droit de s’en aller. Ils disent « je ne suis pas Français, je vis en France, et en plus ma situation économique est difficile. » Personne ne les retient de force ici, et c’est précisément là que se trouve le début du mensonge. Parce que s’ils étaient victimes de l’exclusion et de la pauvreté ils iraient ailleurs. Mais ils savent très bien que partout ailleurs, et en particulier dans les pays d’où ils viennent, leur situation serait encore plus difficile pour tout ce qui concerne leurs droits et leurs chances.

Question : Mais le problème aujourd’hui est l’intégration dans la société française de jeunes gens et de jeunes filles de la troisième génération, et non d’une vague de nouveaux immigrants. Ils sont nés en France et ils n’ont nulle part ailleurs où aller.

Réponse : Ce sentiment qu’ils ne sont pas Français ce n’est pas l’école qui le leur donne ; Il y a ici des écoles partout. En France comme vous le savez peut-être, on inscrit les enfants dans les écoles, même s’ils se trouvent illégalement dans le pays. Il y a ici quelque chose de surprenant de paradoxal. L’école pourrait très bien appeler la police puisque l’enfant se trouve en France illégalement, et malgré tout l’école ne prend pas en considération leur illégalité. Il y a des écoles là-bas, et il y a des ordinateurs partout. C’est là que vient le moment où il faut faire un effort, et ceux qui font les émeutes ne sont pas prêts à faire cet effort. Jamais. Prenez par exemple la langue, vous dites qu’ils sont d’une troisième génération, alors pourquoi est-ce qu’ils parlent le français comme ils le parlent. C’est un français égorgé, l’accent, les mots, la grammaire. C’est à cause de l’école ? A cause des profs. ?

Question : Puisque les arabes et les noirs apparemment n’ont pas l’intention de quitter la France, comment pensez-vous traiter le problème ?

Réponse : Ce problème est le problème de tous les pays européens. En Hollande on est confronté à ce problème depuis l’assassinat de Théo Van Gogh. La question n’est pas quel est le meilleur modèle d’intégration, mais la possibilité même d’une intégration pour des gens qui vous haïssent.

Question : Et que va-t-il se passer en France ?

Réponse : Je ne sais pas je suis désespéré. A cause des émeutes et à cause de leur accompagnement médiatique. Ils vont se calmer, mais qu’est ce que çà veut dire ? Ce ne sera pas un retour au calme. Ce sera un retour à la violence habituelle. Alors ils vont arrêter parce qu’il y a tout de même un couvre feu, et les étrangers ont peur, et les dealers veulent reprendre les affaires. Mais ils jouiront du soutien et de l’encouragement à leur violence antirépublicaine, par le biais du discours repoussant de l’autocritique sur leur esclavage et le colonialisme. C’est cela, ce n’est pas un retour au calme mais à la violence de routine.

Question : Alors votre conception du monde n’a aucune chance ?

Réponse : Non. J’ai perdu. Pour tout ce qui concerne la lutte sur l’école, j’ai perdu. C’est intéressant, parce que quand je parle comme je parle beaucoup de gens sont d’accord avec moi. Beaucoup. Mais il y a quelque chose en France, une espèce de déni qui provient des « bobos » des sociologues et des assistants sociaux, et personne n’a le courage de dire autre chose. Ce combat est perdu, je suis resté en arrière.

Dror Mishani et Aurélia Samothraiz

Traduction de toutes les questions et réponses du philosophe. La parties non traduites sont des passages de commentaires des journalistes qui semblent plutôt surpris de ce qu’ils entendent.

Titre sur la couverture du supplément sous la photo de Alain Finkielkraut : « Vous les Israéliens, vous me comprenez. »

(ndlt)


Lien vers l’article, en ligne sur le site Haaretz.com

Notes

[1] schule : mot yiddish qui signifie école, désigne plutôt chez les juifs ashkénaze de France la synagogue (ndlt)

22 Messages de forum

  • Je ne suis pas tout à fait d’accord avec ce que dit Finkielkraut sur l’école. L’école, c’est l’exigence, mais c’est aussi la justice. L’éducation républicaine n’était pas sévère, mais exigente. Il incrimine les réformes des trente dernières années : comment peut-on se dire de gauche et réclamer le rétablissement des filières à l’école ? Finkielkraut ne fait-il pas partie de la génération qui a mis à bas le lycée-caserne ? Il met en cause les sociologues sans prendre la peine de combattre leurs arguments pied à pied (je pense aux analyses des effets de la carte scolaire par Félousis et alii, même si le titre de leur livre "L’apartheid scolaire" n’est pas heureux. L’idée principale, que la ségrégation produit de l’ethnicité, reste probablement valable).

    Je n’aime pas du tout le fait que Finkielkraut ne dise pas clairement ce qu’il souhaite politiquement : le retour au statu quo ante par rapport à la loi Haby ? Le maintien de la carte scolaire actuelle ou son aménagement pour obtenir une véritable hétérogénéité sociale (mixité, comme on dit) ?

    Cela l’amènerait à choisir son camp, qui est la droite. Cela n’a rien de honteux a priori, mais il est un peu lâche de ne pas choisir son camp.

    L’école actuelle serait-elle particulièrement "sympa" ? Ce n’est pas ce que prétendent les élèves quand ils sont interrogés par les sociologues. Les élèves sont évalués, l’école française reste l’une des moins "sympas" de l’Occident. Dans 23 états des Etats-Unis, le châtiment corporel à l’école est légal : faut-il l’introduire en France pour que l’école soit moins "sympa" ?

    Parler de la probabilité de "cours de délinquance" est une polémique un peu grotesque, mais Finkielkraut est polémiste quand bien même il s’affuble du titre de "philosophe", de manière très "sympa" d’ailleurs, n’ayant aucun titre académique normal (agrégation dans cette discipline) pour le faire. Le travail, la patience du concept, comme dit l’autre, lui sont profondément étrangers. Ce philosophe du dimanche a forcément besoin d’une sociologie cavalière pour conforter ses préjugés.

    En revanche, ceci :

    "L’école pourrait très bien appeler la police puisque l’enfant se trouve en France illégalement, et malgré tout l’école ne prend pas en considération leur illégalité."

    ...est tout à fait exact et est tout à l’honneur de l’école de la République. C’est la raison pour laquelle je ne puis adhérer aux perspectives unilatérales des "indigènes" sur l’école et la république.

    Quant à la langue, que dire ? La langue des banlieues n’est pas celle dont on fait des thèses, c’est sûr. Elle a son pittoresque, à la différence de la langue sûrement tout aussi drue qui est utilisée dans les entreprises lorsqu’on est dans l’entre-soi, ou Chirac engueulant un subordonné. La langue française classique serait-elle malmenée seulement par les noirs et les arabes ? Je ne le crois pas. D’autre part, la langue est valeur, et la manière dont Finkielkraut a de prononcer les "Â", très ouverts, à la mode germanopratine, peut paraître, véhiculant une valeur de désinvolture chic, aussi dégoûtante que bien des "nique ta mère".

    Finkielkraut me rappelle finalement ce Père de l’Eglise (Tertullien) qui faisait du plaisir que prenaient les élus au paradis à voir les souffrances des damnés un élément même de la félicité éternelle.

    • Je crois que vous méconnaissez la situation catastrophique reelle de nos collèges.Le "collège unique " est un leurre et une mystification auquels ne s’accroche plus guère que le SNES et quelques idéalistes préférant le confort satisfait de l’admiration de leurs "belles âmes" de "gauche" à la lucidité . On trompe les élèves en les faisant passer de classes en classes , jusqu’au cul-de-sac de la troisième , sans exiger le niveau necessaire à ce cursus. Dans mon collège de "centre ville" , j’ai plus de la moitié de mes élèves de troisième pour laquelle l’enseignement dispensé est un pensum qui ne leur apporte rien .Vous seriez étonné de lire leurs copies et les motifs d’exclusions (temporaires , rassurez vous...)affichés en salle des professeurs .L’insulte au corps enseignant y est courante , puisque "punie" le plus souvent du "sursis". Alors que dire des "zep" !? Je voudrais que l’on m’explique pourquoi il n’est pas possible d’y effectuer ses études , qui plus est à 24 élèves par classe !? J’ai enseigné 13 ans en Seine saint Denis .J’y avais beaucoup d’élèves cambodgiens , rescapés du génocide des khmers rouges .Par leurs efforts acharnés et émouvants , eux, arrivés en France sans connaître un mot de français , tiraient profit de notre enseignement et étaient reconnaissant à leur pays d’accueil ...J’ai cette année une petite iranienne , en cinquième ,qui , aprés 6 mois de "clad", est devenue la meilleure élève de sa classe. Alors , comment expliquer qu’une société dépense 10000 euros par élève pour voir son institution scolaire être à ce point bafouée ??
      • Je suis contre votre position si vous estimez politiquement souhaitable ou possible de revenir en deçà du collège unique. Vous n’avez trouvé et ne trouverez aucun gouvernement à droite comme à gauche pour le remettre en cause. Ce pas pour ces raisons pédagogiques sur lesquelles vous attire l’attention en supputant que je n’ai rien entendu dire ou lu sur la situation du collège, mais pour des raisons po-li-ti-ques. Si vous ne voyez pas en quoi elles peuvent être sur-déterminantes, je ne peux rien pour vous. Ne parlez pas à tort et à travers de "belles âmes de gauche", parce que je ne vois pas en quoi Fillon ou de Robien en soient venus d’une manière ou d’une autre à remettre en question de collège unique. La question actuelle est de savoir quoi en faire, ni d’admirer ni de exécrer. Des sociologues accusent les partisans de la situation actuelle au collège de se satisfaire d’une hypocrisie parce qu’il y a des contournements de la carte scolaire. Là est d’après eux le noeud de la question. Qu’en pensez-vous ? Ce que vous dites de vos élèves de troisième tendrait à donner à croire que vous seriez partisan de l’apprentissage pour ceux-ci. Mais vous n’indiquez votre sentiment qu’en creux ! Quant au redoublement, serait-il la panacée à l’échec scolaire ? Pas mal d’études (toutes, en fait) concluent à sa nocivité. Bien des pays l’ayant proscris de leurs coutumes ne semblent pas s’en porter plus mal. Votre référence au comportement des asiatiques indique que vos têtes de turc (si j’ose dire) sont d’une origine migratoire plus.. au sud. A quoi est-ce que cela tient - si la question vous intéresse - ? Il est possible que ces immigrés asiatiques soient issus de parents d’un meilleur niveau scolaire dans leur pays d’origine que ceux des maghrébins.
  • Vous lisez là l’un des derniers esprits libres du monde occidental ,imperméable aux modes et aux mièvreries dont nous gratifient nos faux intellectuels et vrais néofascistes occupés à préparer l’arrivée de l’extrême droite en Europe . Finkelfraut parle juste même si sa tristesse, pour ne pas dire son amertume de voir où le combat antiraciste mène ,explique certains dérapages qui semble faire les délices des charognards de service . Continue Alain,nous sommes nombreux à t’aimer Victor
    • Je suis tout simplement attéré.

      Chaque individu a et doit avoir des convictions, quelles qu’elles soient. Mais proposer à la vindicte populaire, au lynchage un pan entier de l’humanité au motif que ces membres, noirs et arabes sont des êtres haineux (de quelle enquête ou étude universitaire sérieuse tire-t-il cette conclusion ?) est non seulement injuste mais condamnable. Ce d’autant plus que ces propos sont tenus par une personne issue du modèle d’intégration républicain le mieux adapté : l’école. Les propos d’A. Finkelkraut illustre mieux la sagesse populaire qui affirme que la réussite scolaire (lauréat de l’ENS) n’est pas forcément signe d’intelligence. Pire, détenir des parchemins et proclamer ses âneries comme des vérités premières est soit de l’inconséquence, soit de la folie !

      Et dire que de nombreux fous sont admirés et proclamés ... "derniers esprits libres" !

      C’est atterant !

      Mboutoukou du Kouat

      • La réussite scolaire n’est pas méprisable. D’ailleurs les E.N.S. ne délivrent aucun diplôme. Les arguments de A. F. sont contestables, mais il y a eu des fachistes parmi d’anciens de l’E.N.S. Ce n’est pas parce qu’on n’est pas d’accord qu’on peut se croire autoriser à dénoncer quelqu’un comme manquant d’intelligence. Il est évident que ce n’est pas la question. La facilité à associer les idées, à leur donner une forme rhétorique est asurément une preuve d’intelligence. Le débat n’est pas là. Il voit le monde sous un aspect sous lequel on ne le voit pas, comme dans une image ambiguë où tantôt l’on voit un lapin et tantôt un canard.
      • Vous devriez être attéré par vos propos insultants et non argumentés. Dire la vérité n’est pas l’apannage de tout le monde et A.F. a déjà prouvé l’acquité de son esprit et n’a aucun besoin de votre "soutient", vous ne voulez pas voir la vérité en face, A.F. n’a jeté aucun opprobre sur toute une population (comme a été accusé Sarkozi) ceux qui se sentent visés savent très bien de qui il s’agit et des esprits malveillants veulent faire comprendre autre que ce qui a été écrit ou dit, c’est cela que j’appelle irresponsabilité car c’est bien cela qui attise la haine en généralisant des propos au lieu de combattre ceux qui doivent l’être.

        raf

      • A F ne doit pas être pris au pied de la lettre ! Ce qu’il défend c’est tout simplement la conception républicaine de la nation, c’est à dire celle de Renan qui au 19ème siècle parlait de la nation comme la volonté chaque jour renouvelée de vivre ensemble. Cette volonté est malmenée. Il est clair que des causes sociales ont pu jouer, mais je crois que certaines catégories etnico-religieuses sont aussi présentes, et même qu’elles sont devenues incontournables. On a affaire à une conjonction de causes. Pour connaître un peu l’histoire, je suis moi aussi assez ^pessimiste sur la suite : c’est précisément cette multiplicité des causes qui s’entremêlent qui va rendre la nation française terriblement fragile. Je parie qu’ A F aura raison. Nous assisterons dans les années à venir à un effondrement complet de la nation française, somme toute déja largement avançée par l’abandon de l’Etat.
    • Certes, mais il y a une forme d’incompréhension de faits têtus quand même. Faut-il être faux pour paraître libre ? Peut-être pourriez-vous en dire plus sur ces dérapages...
      • Merci de changer de signature (les raisons sont exposés dans le commentaire de l’article : UNE NOUVELLE CHASSE AUX SORCIERES Cordialement Le Passeur Ordinaire
      • en ecoutant la radio j’ai entendu que A.F avait fait une intervention qui a jetée le pavé de la taille d’une pasteque dans la marre, dejà dans ma voiture quand je l’entendais sur france culture ( je sais pas ce qu’il fait là mais bon) sa voix m’horripile et je zape, le problème avec certains intellos juifs, c’est leurs nevroses à cause du genocide abonminable qu’on subit leurs ancetre pendant la dernière guerre et du coup leur jugement est alteré à cause de cette souffrance qui persiste encore en eux et toutes leurs pensés sont subjectives et conditionnées par la perception qu’ils ont du monde et de leurs propres interets,les propos qu’il tien dans cet interview est digne d’un beauf accoudé sur un bar et soulé à la bière, mais quand meme edulcorés par de belles phrases tournés à la sauce intello," s’ils ne sont pas contents, ils n’ont qu’à renter chez eux" sacré alain va ! n’oublions pas qu’il y a quelques temps au plus fort du conflit israelo palestinien, des juifs ont subit des attaques de jeunes des banlieues verbales parfois physiques, je pense que AF ne leur a pas pardonné, d’ailleurs il en fait allusion dans son entretien, à mon sens ce n’est pas une reaction digne d’un vrai philosophe, un philosophe ne cède pas à la passion, il reste maitre de lui en toute circonstance, meme michel field se proclame philosophe alors pourquoi pas finkelkraut, mais quand meme, mettre ces deux guignoles sur le meme plan que platon, aristot, hegel, marx, kant ou heideger me fait quand meme rire.....jaune.
  • édifiant. Finkelkraut est donc colonialiste et réellement raciste. Pourquoi ne condamne-t-on pas durement ses propos scandaleux, de la même manière que ça avait été fait (avec raison) pour Dieudonné ? az
    • Vous êtes apparemment habile à l’invective et la censure, mais beaucoup moins bon à citer des vrais mots de Finkelkraut et à expliquer pourquoi vous n’êtes pas d’accord avec eux. Voulez-vous dire, par exemple, que les chansons de rap que Finkelkraut a cité ne montrent pas une haine de la République et ses valeurs ? Ou peut-être que cette culture de haine n’a rien à voir avec les émeutes ? Quelque-chose d’autre, peut-être ? Comme c’est plus facile d’accuser que d’analyser ou d’expliquer.
    • dieudonné n’a malheureusement pas été condamné. s’il a pu dire toutes ces horreurs au nom de la liberté d’expression, pourquoi devrait-on condamner Finkelkraut sur des positions qu’il essaie de fonder, lui !
      • Si Dieudo n’a pas été condamné, c’est simplement car il s’est réfugié derrière l’argument "c’est de l’humour". Facile : je pourrais moi-même déclamer sur les toits avec un haut-parleur les meilleurs passages ( !) de Mein Kampf sans être nullement inquièté, si seulement j’ajoutais "c’est de l’humour". Doit-on porter maintenant en France un nez de clown pour s’exonérer de toute poursuite judiciaire ?
      • "Ils ne sont pas malheureux, ils sont musulmans", ou quand Finkielkraut, le philosophe de la République se lâche... dans la presse israélienne 30 décembre 2005 16:53, par Pas plus fan de Dieudo que ça, mais pas fan du tout de Finkielkraut, ça (...)
        Que vient faire Dieudonné là !!! Même Finkie a déclaré "haut et fort" qu’il n’assume pas ses propos. Ramener Dieudonné sur ce fil en utilisant les mêmes arguments que ceux qu’on lui reproche (lui c’est de trop parler de la Shoah, vous vous nous la servez version "Mein Kampf !) est pour le moins peu sérieux et "moralement" - mot à la mode, condamnable. Quand à votre propos sur la justice française considérons le juste comme un dérapage, tellement cela me semble une énormité. S’il y avait eu matière à le mettre en prison pour son sketch, il y serait déjà....Que n’a-t-on pas entendu et venant même des plus hautes autorités de notre pays à propos ce sketch. Maintenant si vous souhaitez débattre sur Dieudoné aller sur son site, si vous voulez continuez à discutter avec des arguments sur les propos de Finkielkraut je ne manquerai pas de repasser sur ce site pour vous répondre. Cdt
  • "Ils ne sont pas malheureux, ils sont musulmans". Quelles paroles épouvantables ! Mais la citation n’est qu’une invention de votre site, et rien d’autre. Ses mots n’apparaissent ni dans les extraits de l’entretien traduits sur votre site, ni dans l’entretien entier. Vous pourriez dire que cette "citation" inventée est néanmoins un bon sommaire de ses vues, mais ceci n’est pas la sorte de débat qui est bien servi par la caricature, la simplification, l’exagération, la distorsion, et les inventions presentées comme des faits. Quand les émeutiers s’excusent en accusant la société française du racisme, quand Finkelkraut accuse les émeutiers du racisme, et quand les gens de ce site répondent en accusant Finkelkraut du racisme pour avoir accusé les émeutiers du racisme, ce n’est pas exactement un débat intellectuellement riche ou illuminant. Pourquoi pas vous penchez sur les éléments de vérité dans les paroles de Finkelkraut au lieu de vous conduisez comme des petits papelards de l’Église du "Politiquement correct" ?
  • Visiblement la majorité des lecteurs de cet article soutiennent Finkelkraut ! Ils sont sûrement, eux aussi, des iconoclastes comme ceux qui sont mis en Une du Point. Il faut vraiment que de nombreux repères (idéologique, historiques) soient brouillés pour que des individus de bonne volonté ( ?) refusent de voir la réalité du délitement du système français par l’abandon de ses couches populaires et le retour aux "classes laborieuses, classes dangereuses" du XIX°s ; et donc ne comprennent pas (ou font semblant), la violence raciste et anti-musulmane des propos de Finkelkraut.

    Les sciences sociales depuis un siècle ont pourtant apportée des instruments de compréhension des formes de domination ! Mais le discours ultra dominant dans les médias et au café du commerce du Net (même policé), revient maintenant à l’âge de pierre de la pensée socio-politique. Quand aux sociologues de marché, ils préfèrent nous parler gentiment des formes de consommation ou des tribus et laisser aux experts en sécurité la question de la pauvreté (voir les petits ouvrages de la collection Raison d’agir ou les travaux de Mucchielli et ceux de Stéphane Baud pour des informations solides).

    En fait, actuellement, on sent que la volonté d’ordre bien connue des élites de tout temps, couplée aux avancées constantes du marché et à l’affaiblissement généralisée de l’esprit critique (causé par l’emprise du champs maédiatique), nous mênent tout droit dans les bras d’un régime autoritaire d’un nouveau genre (à qualifier ?!). Je suis bien sur que dans ce cas Finkelkraut fera un excellent ministre de l’éducation nationale dans un gouvernement dirigé par Sarkozy ! En tout cas, on verra bientôt le rapprochement entre ces intellectuels type Finkelkraut, Adler, Ferry (déjà fait)... et les politiciens de la droite bête et méchante, surfant sur la peur.

    Pour l’analyse précise de son argumentaire, aisé à faire (anti 68, sécuritaire, emprunt de l’imaginaire colonial, clash des civilisations...), je vous renvoie au site d’Acrimed qui est en train de faire le boulot. Enfin Finkelkraut, lâche comme un universitaire médiatique en quête d’honneur sait l’être, vient de s’excuser devant la plainte brandie par le Mrap, tout en rajoutant que ses propos avaient été mal traduits. le Mrap, bon soldat, a bien sur retiré sa plainte : on ne va pas chercher des poux dans la tête d’un intellectuel (sic) engagé dans le combat contre l’antisémitisme, sur des propos que beaucoup partagent dans la belle société française ! Bien à vous.

    Voir en ligne : Finkelkraut, nouveau phare de la pensée Sarkozy

    • Les sciences sociales ne sont pas monolithiques et ne se donnent pas toutes comme des analyses des processus de domination. Stéphane Beaud (oui, avec un "e") se rattache au courant Dubet lui-même remontant à Touraine, propose une sociologie de l’acteur ou de l’expérience bien différente de la grande artillerie bourdieusienne de la domination. Dubet lui-même plaide depuis quelques années en faveur de l’abaissement de l’âge de la scolarité obligatoire, et rejoint donc en ce moment les positions de Villepin qui vont déboucher sur une prochaine loi sur l’école dans le sens de ce que vous savez. A ce compte, Finkielkraut défendrait plutôt (dans la mesure où il se réclame d’une filiation au XVIIIème siècle, à la trradition scolaire issue de Condorcet) - me semble-t-il - une scolarisation au-delà de l’âge de la scolarité obligatoire actuelle (qu’on trouve de lui des textes disant le contraire !). Ceci pour dire que devant des problèmes socaiux difficiiles, je ne vois pas ce qu’on gagne à représenter une arène où des méchants combattraient des gentils. Vous admettez que les politiciens "surfent sur la peur", donc que la peur existe ; et est-ce seulement parce qu’elle est créée de façon imaginaire ? Sarkozy aurait-il été conspué par tous les gens qui l’abordaient en banlieue ? Je n’en suis pas certain. Puisque vous ailez les études sociales, je vous recommande celle de Felouzis sur "l’apartheid scolaire" où il évoque bien la peur que suscite bien des jeunes issus de l’immigration. Les gens dont on a brûlé les voitures avaient peur et à juste titre. mais la peur des pauvres vous indiffère peut-être. On a tué, on aessayé de tuer dans les banlieues ces derniers temps, on sait qui sont les victimes, qui sont les assassins.

      La sociologie est très intéressante, elle éclaire bien des choses, ce qu’on en tire reste cependant conforme, avec bien entendu des "raisons" supplémentaires, conforme à l’intuition commune : la violence urbaine est corrélée à la misère (ce ne sont pas les jeunes de Neuilly qui brûlent des voitures). Mais, voyez-vous, la tâche du politique et du sociologue ne sont pas identiques. Le politique doit agir dans l’immédiat. Les politiques de droite ne souhaitent pas valoriser les explications sociologiques, ce qui se comprend vu leur électorat. Mais la gauche (cf. Julien Dray), tournant le dos à sa tradition, non plus ! La gauche, depuis Victor Hugo, c’était en principe : on ouvre une école, on ferme une prison. L’émoi de Finkielkraut devant le saccage des écoles reste un peu "de gauche" en ce sens-là. Sarkozy, c’est, on peut le craindre, plutôt ouvrir des prisons. Quant aux écoles, on se sait pas encore. Mais je suis certain que Finkielkraut ne sera jamais ministre de l’éducation de Sarkozy, parce que l’action concrète ne l’intéresse pas.

      Laissons les sociologues expliquer, mais ce n’est pas au nom de ces explications qu’on ne doit pas sanctionner les exactions. Ce ne sont pas les élites qui ont le plus besoin d’ordre, cher Monsieur, elles ont toujours le loisir de se calfeutrer dans des résidences hyper-sécuriséees, ce sont les petites gens des banlieues. La droite qui joue sur cela ne me semble pas si bête, comme on peut le noter à voir l’excellente forme de la côte de popularité de Sarkozy : le seul homme politique à avoir pris fait et cause pour la discrimination positive, qui aurait pu profiter directement aux jeunes qui le conspuaient... La politique est bien complexe !

      Le MRAP n’a pas fait de fleur à Finkielkraut, il a visiblement eu peur avec raison que ses déclarations un peu véhémentes ne constituent pas un cas de plainte recevable. Finkielkraut, ne vous en déplaise, n’est pas un universitaire au sens classique du terme, ne travaille pas selon des normes universitaires. Il a eu les honneurs que son talent mérite probablement, sa pensée dérange et agace (moi le premier) parce qu’il cherche plus à avoir une pensée originale qu’exacte, chose due à l’abus de la littérature, ou à la domination de la philosophie (pour ne rien dire des sciences sociales) par la littérature.

    • Il sont musulmans donc soumis (traduction arabe) et toute soumission à l’arbitraire déclenche une violence dont ils sont eux-mêmes victimes. Cette soumission à l’absurde d’une pseudo révélation les rend malheureux et prisonniers d’eux-mêmes.

      Finkel a vu juste le pauvre.


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