jeudi 29 décembre 2005, par Hafiline
Au sujet de "sur une fausse alternative républicaine"
Le possible lecteur trouvera à coup sûr ces réflexions empreintes de naïveté, mais l’auteure espère qu’il y trouvera son compte, sa nourriture et le désir de combler une fringale d’action. »
En tant que simple indigène, ni juriste, ni philosophe, ni politicienne, avide d’apprendre, d’avaler ce que je peux du monde, d’en évacuer de supposées scories, d’éructer de possibles vérités, j’ai envie de m’attarder sur le texte rappelé plus haut (que vous pouvez lire le site ici ).
Sur le fond, je ne peux que m’y retrouver. Cependant, du côté de l’analyse, j’aurais quelques réticences. Il me semble (et le terme semble est souvent utilisé par Laurent Levy pour atténuer, semble-t-il, quelques affirmations) que la classe politique fait preuve d’un cynisme d’état bien souvent analysé à côté d’autres cynismes (je pense en particulier à la lumineuse Critique de la Raison Cynique » de Sloterdijk). A l’encontre de Laurent Levy, je ne crois pas que nos « élites » pensent que voter est l’acte politique par excellence. Tout simplement ils veulent nous le faire croire, pour occulter d’autres actes possibles, certains de ces derniers arrivant malgré tout, en périodes de crise, à crever l’écran opaque où on veut les parquer. La vision terriblement réductrice proposée n’est à mon sens que terriblement voulue pour anesthésier de possibles volontés.
Maintenant je voudrais qu’on s’attarde un peu sur le terme « élite » qui me paraît bien galvaudé. D’après mon dictionnaire : »ensemble des personnes considérées comme les meilleures, les plus remarquables d’un groupe, d’une communauté » d . Un député peut-il faire partie d’une élite politique, quand il accorde une interview au journal Minute ? Un expert près les tribunaux peut-il faire partie d’une élite quand il déclare qu’étant donné son salaire de femme de ménage il a rendu un constat de même rang, ? Est-ce que moi je peux aspirer à faire partie d’une élite, est-ce que mon vieux jardinier et ami,artiste expert en sculpture de pierres ramassées dans les champs ne fait pas partie d’une élite ? Je propose qu’on bannisse pour un temps ce terme de notre vocabulaire, à moins de nous attarder sur le mot nous mêmes pour en faire surgir une substantifique moëlle et de demander à de « modestes » linguistes, de ceux qui font partie de la véritable élite en compagnie de certains savants, écrivains et penseurs d’en proposer un autre contenu.
Pour finir, il est bien évident que je m’efforce, à mon humble niveau, de subvertir la politique institutionnelle en place, fille aimée du système économique dominant D’abord dans mes pratiques de consommation tendant vers l’ascèse sans anéantir le plaisir, au contraire, le plaisir rare de m’approprier et de consommer des produits de tous genres non falsifiés. Et dans ce que je peux inculquer à mes proches. Mais ça ne me suffit pas. Comme ne me suffisent pas les révoltes, les manifestations, les tracts, nécessaires, mais souvent inopérants, ou opérants à long terme, ce qui laisse le temps à nos soi-disants élites de se retourner et de contrer et possiblement de rire de nos efforts éparpillés de subversion..
Alors j’avoue que je me sens impuissante à élaborer des programmes, des alliances, des orientations, comme le propose Laurent Levy Avec qui ?en quels hommes avoir confiance ? Comment éviter de se corrompre soi-même au contact des corrosions ?
Je pose les questions à mes commensaux indigènes, et voudrait bien m’investir pour subvertir, mais dans quoi ?