Indigenes de la République 37

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Egrainage de l’article de Laurent Lévy pour y extraire quelques réflexions.

jeudi 29 décembre 2005, par Hafiline

Au sujet de "sur une fausse alternative républicaine"

Le possible lecteur trouvera à coup sûr ces réflexions empreintes de naïveté, mais l’auteure espère qu’il y trouvera son compte, sa nourriture et le désir de combler une fringale d’action. »


En tant que simple indigène, ni juriste, ni philosophe, ni politicienne, avide d’apprendre, d’avaler ce que je peux du monde, d’en évacuer de supposées scories, d’éructer de possibles vérités, j’ai envie de m’attarder sur le texte rappelé plus haut (que vous pouvez lire le site ici ).

Sur le fond, je ne peux que m’y retrouver. Cependant, du côté de l’analyse, j’aurais quelques réticences. Il me semble (et le terme semble est souvent utilisé par Laurent Levy pour atténuer, semble-t-il, quelques affirmations) que la classe politique fait preuve d’un cynisme d’état bien souvent analysé à côté d’autres cynismes (je pense en particulier à la lumineuse Critique de la Raison Cynique » de Sloterdijk). A l’encontre de Laurent Levy, je ne crois pas que nos « élites » pensent que voter est l’acte politique par excellence. Tout simplement ils veulent nous le faire croire, pour occulter d’autres actes possibles, certains de ces derniers arrivant malgré tout, en périodes de crise, à crever l’écran opaque où on veut les parquer. La vision terriblement réductrice proposée n’est à mon sens que terriblement voulue pour anesthésier de possibles volontés.

Maintenant je voudrais qu’on s’attarde un peu sur le terme « élite » qui me paraît bien galvaudé. D’après mon dictionnaire : »ensemble des personnes considérées comme les meilleures, les plus remarquables d’un groupe, d’une communauté » d . Un député peut-il faire partie d’une élite politique, quand il accorde une interview au journal Minute ? Un expert près les tribunaux peut-il faire partie d’une élite quand il déclare qu’étant donné son salaire de femme de ménage il a rendu un constat de même rang, ? Est-ce que moi je peux aspirer à faire partie d’une élite, est-ce que mon vieux jardinier et ami,artiste expert en sculpture de pierres ramassées dans les champs ne fait pas partie d’une élite ? Je propose qu’on bannisse pour un temps ce terme de notre vocabulaire, à moins de nous attarder sur le mot nous mêmes pour en faire surgir une substantifique moëlle et de demander à de « modestes » linguistes, de ceux qui font partie de la véritable élite en compagnie de certains savants, écrivains et penseurs d’en proposer un autre contenu.

Pour finir, il est bien évident que je m’efforce, à mon humble niveau, de subvertir la politique institutionnelle en place, fille aimée du système économique dominant D’abord dans mes pratiques de consommation tendant vers l’ascèse sans anéantir le plaisir, au contraire, le plaisir rare de m’approprier et de consommer des produits de tous genres non falsifiés. Et dans ce que je peux inculquer à mes proches. Mais ça ne me suffit pas. Comme ne me suffisent pas les révoltes, les manifestations, les tracts, nécessaires, mais souvent inopérants, ou opérants à long terme, ce qui laisse le temps à nos soi-disants élites de se retourner et de contrer et possiblement de rire de nos efforts éparpillés de subversion..

Alors j’avoue que je me sens impuissante à élaborer des programmes, des alliances, des orientations, comme le propose Laurent Levy Avec qui ?en quels hommes avoir confiance ? Comment éviter de se corrompre soi-même au contact des corrosions ?

Je pose les questions à mes commensaux indigènes, et voudrait bien m’investir pour subvertir, mais dans quoi ?

2 Messages de forum

  • Merci à Jacqueline : enfin quelqu’un qui propose de taper la discute !

    Jacqueline porte ses réflexions sur deux points : le « cynisme » du discours politique dominant, et l’emploi du mot « élites ». Elle ajoute une interrogation sur la subversion des institutions.

    Je n’en fais un fromage ni dans un cas ni dans l’autre.

    Sur le premier point, je ne sais pas quelle est la part de « sincérité » et quelle est la part de « cynisme » de la conception de « la politique » comme ramenée à une question électorale. Sûrement, ça dépend des porteurs de ce discours ; mais c’est le genre de préoccupation que je n’ai pas, dès lors que le discours lui-même me semble nul - ce qui est le cas. Il doit y avoir des politiques pour lesquels faire de la politique, c’est voter, ou contribuer au suffrage d’une manière ou d’une autre. D’autres qui veulent simplement nous orienter vers cette impasse, quand ils savent bien que c’en est une. D’autres qui distinguent l’action « sociale » de l’action « politique », en dressant entre elles une barrière conceptuelle en béton armé, doublée d’un fossé infranchissable, etc. A vrai dire, il m’importe surtout de dire que ce sont des pièges dans lesquels il ne faut pas tomber, et il m’importe peu qu’ils soient tendus volontairement ou non...

    Sur le second, « élites », c’était pour moi une formule ramassée pour dire « ceux qui se considèrent et que le discours dominant considère généralement comme élites », ou encore « ceux qui occupent dans le dispositif idéologique et politique les positions dominantes ». Mais le mot « élite », Jacqueline a raison, peut aussi avoir un sens valorisant, alors que ceux dont je parle sont bien souvent des sales cons. Disons que j’emploie ce mot avec un certain sourire de dérision. Par ailleurs, l’idée d’une « République des élites » ne m’appartient pas, et il est assez commun de définir de cette façon la conception « républicaine » traditionnelle de la politique, telle qu’elle s’est déclinée en particulier (mais pas seulement) en France depuis deux gros siècles. Les « élites » sont ici ceux que le système se plait à désigner et à considérer tels.

    Quant à son interrogation sur « subversions - alliances - etc. », je me sens tout aussi impuissant qu’elle. Je ne crois pas (ce en quoi je suis peut-être encore plus pessimiste) que la question soit de trouver des hommes et des femmes en qui avoir « confiance ». Je crois que « la politique » doit se dégager des réflexes « délégataires », et passer par la prise en charge assumée de chacune et de chacun. Mais au-delà de ces grandes phrases, je suis assez sec. C’est un grand chantier à mon sens, et je m’y emploie depuis quelques temps, avec d’autres : il reste à son état de vague terrain vague...

    C’est dire si toute réflexion complémentaire serait pour moi la bienvenue !

    • Bon, ça fait du bien notre échange, mais j’espère que d’autres vont arriver et ne pas nous laisser dialoguer tout seuls !

      A mon avis deux pistes : bien définir le sens des mots, et leur en donner, du sens, de celui qui va se démarquer d’une manière peut-être définitive de celui qu’on lui confère d’habitude. Inventer un langage indigène, avec décodage obligatoire pour sortir les mots de leur état squelettique, ou de leur obésité, ou de leur pourriture,quitte à se faire traiter de présomptueux.

      Je rève probablement, comme je rève quand je rève de subvertir les habitudes de consommation. Il doit bien y avoir un moyen d’apprendre à acheter autrement, et ne pas se laisser prendre au piège de la publicité ( à ce sujet, j’aime la publicité, il y a, dans les clips publicitaires du génie, et ça ne m’incite nullement à acheter). Un décorticage du langage publicitaire, c’est peut-être ce que je vais entamer dans le cadre Indigènes. .

      Bon, j’arrête mon fil décousu. A bientôt.


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