Indigenes de la République 37

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Un an après !!!!

En avril 2005, pour d’autres dérapages d’Alain Finkielkraut, l’écrivain antillais, Raphael Confiant, répondait.

mercredi 3 mai 2006, par Lila BB

En première partie, des extraits d’une interview d’Alain FINKIELKRAUT sur Radio Shalom.

En deuxième partie, la réponse de Raphael CONFIANT.



DERAPAGES

Dimanche 6 mars 2005, entre 18h30 et 19h30, sur Radio Shalom, autre radio communautaire du 94.8, au micro de Bernard Abouaf. M. FINKIELKRAUT est interviewé en compagnie d’Elisabeth Schemla, directrice du site Proche-Orient.info.

Voici quelques extraits :

Alain Finkielkraut :

[...] au moment même où il (Dieudonné) se retrouvait seul, son discours lui, avait droit de cité. On nous parle depuis l’affaire d’Alger, du « malaise noir ». On nous parle de ces indigènes de la république (sic) qui dénoncent l’attitude coloniale et post coloniale de la France, et on nous dit - parce que tel est le chantage auquel nous sommes soumis - si vous, Juifs, vous ne voulez pas qu’il y ait d’autres Dieudonné, alors, si j’ose dire, élargissez la Shoah. Acceptez que, sur ce modèle, on pense aujourd’hui, et on enseigne l’esclavage et la colonisation. Or, je n’ai rien à redire à l’enseignement de l’esclavage et de la colonisation. Mais cela n’a rien à voir avec l’extermination des Juifs par les nazis. C’est tout autre chose. Et quant à l’esclavage, on le sait quand même, la traite atlantique n’était qu’une des traites. Il y avait aussi la traite orientale. Il y a eu des négriers noirs. Donc c’est une réalité diverse à laquelle on nous intime l’ordre de donner une signification unilatérale si nous ne voulons pas faire de hiérarchie envers les victimes. Donc, si vous voulez, il y a un après Dieudonné qui n’est pas de meilleur aloi que la période Dieudonné, dont nous sortons maintenant.

Elisabeth Schemla :

Je partage complètement cette analyse d’Alain Finkielkraut. Je crois que, si vous voulez, ce que je peux ajouter d’un point de vue plus journalistique, c’est que cette agression de Dieudonné à la Martinique, je disais tout à l’heure qu’elle tombait au plus mauvais moment, mais pour une autre raison aussi. C’est que, en réalité, des mouvements indépendantistes sont à l’ouvre notamment dans les Antilles, un peu partout dans toutes ces Antilles. Ces mouvements indépendantistes sont entretenus, et se cristallisent eux-mêmes, d’ailleurs, autour de ce problème de la mémoire noire, de la mémoire de l’esclavage, de la haine anti-coloniale. Ceci n’ayant rien à voir avec toutes les prébendes dont par ailleurs les DOM-TOM bénéficient bien entendu. Or, Dieudonné, et ce serait d’ailleurs intéressant d’en faire répertoire et de mener là-dessus une enquête. Dieudonné se rend beaucoup dans les Antilles pour présenter ses spectacles et il est certainement aujourd’hui le porte-parole, il l’était évidemment avant tout cela, le porte-parole, plus ou moins connu, alors des services de police, je n’en sais rien, du grand public en tout cas. de toute cette mouvance et de toute cette idéologie qui est en fait une idéologie anti-France.(sic) On le voit bien avec ce qui s’est passé ces dernières 48 heures [...] (« Mes excuses ») ça a été un tel succès, tellement à guichet fermé, qu’il en a remis un autre le lendemain [...] Il faut bien comprendre que dans le monde noir aujourd’hui, Dieudonné est en train de prendre une position considérable et que cette position considérable est une position de sorte de leader idéologique de mouvance noire anti-républicaine. (sic)

Animateur :

Alain Finkielkraut, ce que nous décrit Elisabeth Schemla à l’instant, c’est un nouveau pont, dont on a énormément parlé entre l’alter mondialisme et l’antisémitisme classique

Alain Finkielkraut :

Oui, et, enfin, je crois que l’analyse d’Elisabeth Schemla est très juste et il faudrait que les grands intellectuels venus des Antilles se prononcent au plus vite. Je doute qu’ils le fassent, mais il existe des gens dont on nous parle tout le temps comme Edouard Glissant, Patrick Chamoiseau, Raphaël Confiant. Ces idéologues de la créolité. J’espère qu’ils prendront leurs distances. J’ai peur néanmoins que la créolité puisse aussi servir à entretenir, outre la haine de la France coloniale, la haine d’Israël, (sic) Etat juif si vous voulez, c’est-à-dire Etat non créole, non métissé. Mais ce qui m’a aussi impressionné dans la description d’Elisabeth Schemla, c’est la puissance du sentiment anti-français. Dieudonné coalise.fusionne en lui, la haine des Juifs et la haine de la France qui, aujourd’hui, vont de pair, [...] cela aussi devrait amener aussi à réfléchir les Juifs de France. Ils sont tellement habitués, on leur a tellement enseigné que l’antisémitisme relevait du nationalisme, qu’ils ont les yeux rivés sur la France et ses mauvais démons, sur l’Etat français. Le problème ne se pose plus dans ces termes. La France et les Juifs curieusement, à la surprise générale et des Juifs eux-mêmes, sont dans le même bateau. Nous avons à défendre l’un et l’autre de la même manière, parce que la même infamie, la même calomnie est à l’oeuvre dans un cas et dans l’autre. Nous, Juifs sommes des « négriers reconvertis dans la banque », et il faut croire que cette idée a beaucoup de succès aux Antilles. (sic) « Quant à la France, c’est un Etat colonial », nonobstant les aides aux Antilles, (sic) et en oubliant aussi que le fait que le mouvement abolitionniste n’a eu lieu qu’en Occident. C’est une spécificité française et occidentale. C’est un effet des Lumières. Il n y a pas eu d’abolitionnisme en Afrique, il n y a pas eu d’abolitionnisme dans le monde arabe non plus. Il faut surtout ne pas se laisser intimider par ce discours qui est mensonger de part en part, et qui a, tirons-en toutes les conséquences aujourd’hui, une double cible : juive et française.

Animateur :

Elisabeth Schemla, très intéressant ce qui vient d’être dit. La parole raciste la plus libérée, aujourd’hui dans les quartiers, c’est probablement la parole anti-juive ; on peut tout à fait être branché et antisémite. En revanche, la parole raciste la plus répandue peut-être qu’on en a pas assez parlé c’est : "sales français" ? Elisabeth ?

[...] Elisabeth Schemla :

Oui, Oui, je crois que nous assistons en partie à ça. Là où Alain Finkielraut, à mon sens, a totalement raison, de lier ensemble, les Juifs, la France, dans cette même opprobre de la part de ces mouvances dont nous parlons, c’est que, et je rejoins là, une nouvelle fois, ce qui s’est passé encore en Martinique, c’est ceci : il y a en Martinique, une communauté juive, française donc, d’à peu près, 500 personnes. Sur une île, dont la population, pour toutes les raisons qu’on a essayé d’expliquer, est profondément, violemment, au sens idéologique, pro-palestinienne et jusqu’ici, même s’il a pu y avoir un travail de fond de sape, il n’y avait pas eu pour ces Français juifs, vivant là-bas, d’affrontement et de transposition du conflit israélo-palestinien en Martinique. Pas encore, en tous les cas, de façon publique, pas encore à travers des violences physiques. En quelque sorte et malgré tout ce que nous venons de raconter, la Martinique en particulier, mais c’est vrai de l’ensemble des Antilles, avait réussi à rester en dehors de cela, même s’il se passait beaucoup de choses souterrainement ; et voilà que maintenant, c’est d’ailleurs les échos que nous en avons, cette agression de Juifs français, dont certains sont installés depuis longtemps là-bas et dont d’autres viennent d’arriver, contre Dieudonné qui se pose en victime, qui se pose en martyr, vient tout à coup de dramatiser, d’installer une tension communautaire qu’il n’y avait pas et avec des répercussions dont on ne peut, pour l’instant, absolument pas parler puisque c’est encore trop tôt mais qui inquiète absolument, sur place, tous les observateurs. En quelque sorte, il n’est pas impossible que cette agression de ces 4 voyous de Dieudonné entraîne, pardon, ou coïncide avec un tournant dans ce qui peut se passer aux Antilles. Et je pèse mes mots en disant ça.

Animateur :

Vous êtes d’accord Alain Finkielkraut ?

Alain Finkielkraut :

[...] J’apprends des choses, mais j’apprends sans être étonné. Oui, j’avais vu cette évolution idéologique des Antilles ; je l’avais vu poindre, se profiier ; évidemment à force de violences verbales, on crée le climat du pogrom ; et il faut y être très attentif et d’autant plus, encore une fois, que la Martinique est devenue, depuis quelques années, une sorte de laboratoire idéologique pour le monde, d’ailleurs aux 2 sens du mot parce que l’ancien rédacteur en chef du Monde a fait de la créolité et du métissage son étendard, son horizon idéologique, donc c’est une raison supplémentaire, pour nous, d’être attentifs et rien n’est plus inquiétant, en effet que la rencontre entre cette idéologie et un personnage comme Dieudonné. C’aurait été une raison supplémentaire pour les voyous de ne pas agir, mais enfin, ça, nous le savons aussi, nous avons des ennemis et nous avons dans nos rangs, parmi nous, des gens qui font avec une application, tout à fait hors du commun, le jeu de ces ennemis.


REPONSE DE RAPHAEL CONFIANT

Depuis quelques semaines, le philosophe Alain Finkielkraut se répand dans tous les médias, en particulier sur les radios juives, pour stigmatiser les Antillais, en particulier les Martiniquais, au motif que ces derniers seraient tout à la fois des « assistés » et des anti-sémites, adeptes de Louis Farakhan. Mieux (ou pire) : la créolité serait une idéologie haineuse distillant un discours anti-blanc et francophobe. Profitant des différents procès intentés à l’humoriste Dieudonné et des bagarres provoquées par des « casseurs noirs », venus des banlieues, à l’encontre des « lycéens blancs et juifs » lors des dernières manifestations contre la loi Fillon, il enfonce le clou en lançant une pétition nationale qui se révèle être un véritable appel à la haine anti-Noirs, un manifeste de ce qu’on pourrait appeler la « mélanophobie ».

Sans doute Alain Finkielkraut ignore-t-il ce qu’est exactement la Martinique (à moins qu’il ne feigne de l’ignorer). Pour sa gouverne et celle de ceux qui le soutiennent dans sa croisade anti-nègre, il me semble important de rappeler un certains nombre de faits historiques :

- en 1635, les Français débarquent dans une île peuplée depuis des millénaires par les Caraïbes, île que ces derniers nommaient « Matinino » ou « Jouanakaéra ». En moins de trente ans, ils massacrent ceux-ci jusqu’au dernier, continuant ainsi le génocide des Amérindiens entamé avant eux par les Espagnols et les Portugais.

- vers 1660, et cela jusqu’en 1830, ils importent des centaines de milliers d’Africains qu’ils transforment en esclaves dans des plantations de canne à sucre lesquelles contribueront pendant trois siècles à faire la fortune des ports de Bordeaux, Nantes, La Rochelle etc...et plus généralement de la France, participant ainsi, aux côtés des autres puissances européennes, à l’esclavage des Nègres.

- en 1853, l’esclavage aboli car désormais non rentable, ils importent, et cela jusqu’en 1880, des dizaines de milliers d’Hindous du Sud de l’Inde qu’ils installent sur les plantations, en partie désertées par les anciens esclaves noirs, et leur imposent un système d’asservissement et de travail forcé qui n’a rien à envier à l’esclavage.

- en 1960, l’Etat français crée le BUMIDOM (Bureau des Migrations des Départements d’Outre-Mer) et importe des dizaines de milliers de postiers, filles de salles et infirmières, ouvriers d’usine et autres agents de police antillais qui, aux côtés des travailleurs immigrés maghrébins, contribueront pour une large part à ce qu’il est convenu d’appeler les « trente glorieuses ».

Telle est, en raccourci, l’histoire de la Martinique. On est loin des plages de sable blanc, des cocotiers et des belles « doudous », n’est-ce pas ? Mais sans doute est-il bon de rappeler deux autres points à Alain Fienkielkraut :

- à l’abolition de l’esclavage des Noirs (1848), pas un arpent de terre, pas un sou de dédommagement n’a été accordé aux anciens esclaves lesquels n’avaient d’autre ressource que de défricher les mornes (collines) de nos îles pour tenter de survivre grâce à des jardins créoles ou de retourner travailler, en tant qu’ouvriers agricoles sous-payés, sur les mêmes plantations où leurs ancêtres et eux avaient été réduits en esclavage.

- même les Etats-Unis, accusés pourtant d’être, dans le Sud profond (Mississipi, Alabama etc.), un enfer pour les Nègres, l’Etat s’est fait un devoir d’accorder à chaque ancien esclave « twenty-two acres and a mule » (vingt-deux acres de terre et un mulet). C’est d’ailleurs là, très symboliquement, le nom de la compagnie cinématographique du cinéaste noir américain Spike Lee. Aux Antilles, une fois les chaînes ôtées, le nègre s’est retrouvé Gros-Jean comme devant.

Pas rancunier pour deux sous, le Nègre antillais a participé à toutes les guerres qu’a lancé ou qu’a subi la France : guerre de conquête du Mexique en1860 au cours de laquelle le « bataillon créole », de son nom officiel, fit preuve d’une bravoure extrême comme le reconnurent elles-mêmes les autorités militaires françaises ; guerre de 1870 contre l’Allemagne ; guerre de 14-18 au cours de laquelle de nombreux soldats martiniquais furent décorés pour leur vaillance lors de la fameuse bataille des Dardanelles ; guerre de 39-45 au cours de laquelle 8.000 volontaires Martiniquais et Guadeloupéens gagnèrent, au péril de leur vie, les îles anglaises voisines d’où ils purent rejoindre les Forces Françaises Libres du Général De Gaulle et participer ainsi aux combats, alors même que nos îles étaient dirigées par deux gouverneurs vychistes, les amiraux Robert et Sorin, guerre d’Indochine où périrent de nombreux Antillais (notamment à Dien Bien Phu) ; guerre d’Algérie au cours de laquelle, pour un Frantz Fanon, un Daniel Boukman ou un Sonny Rupaire qui rallièrent le FLN, des centaines de soldats antillais participèrent sans état d’âme à cette « sale guerre » ; guerre du Tchad dans les années 80 etc...etc...

Alors, anti-blancs et francophobes les Martiniquais ? Assistés les Antillais alors que pendant trois siècles, ils ont travaillé sans salaire, sous le fouet et le crachat, pour enrichir et des planteurs blancs et l’Etat français ? Que pèsent, effet, ces cinquante dernières années de « départementalisation » et de juste remboursement de la dette de l’esclavage face à ces trois siècles d’exploitation sans merci ? Sans doute faudrait-il aussi rappeler à Alain Finkielkraut qu’au XVIIIè siècle, la France faisait les trois-quarts de son commerce extérieur avec Saint-Domingue (devenue Haïti), la Martinique et la Guadeloupe et qu’entre ces « quelques arpents de neige du Canada » comme l’écrivait Voltaire et les Antilles, elle n’hésita pas une seconde. Aux Anglais, le Canada peu rentable à l’époque (d’où le lâche abandon des Canadiens français, subitement redécouverts par De Gaulle en 1960). Aux Français, les riches terres à sucre de canne, café, tabac et cacao des Antilles.

Toute personne qui fait fi des données historiques et sociologiques présentées plus haut (et je n’ai même pas parlé de l’idéologie raciste et anti-nègre qui a sévi dans nos pays pendant trois siècles !) ferait preuve soit de malhonnêteté intellectuelle soit d’ignorance. Je préfère accorder le bénéfice du doute à Alain Finkielkraut et croire qu’il ignorait tout cela avant de traiter les Antillais d’assistés. Mais venons-en maintenant à la question de l’anti-sémitisme des Antillais. Et là, que l’on me permette d’énoncer une vérité d’évidence : la Shoah est un crime occidental ! Comme l’a été le génocide des Amérindiens, comme l’a été l’esclavage des Noirs, comme l’a été la déportation des Hindous, comme l’a été l’extermination des Aborigènes australiens etc...Le ter ! me de « crime contre l’humanité » est une hypocrisie. Un faux-semblant. Une imposture.

En effet, quand un individu commet un crime, personne ne songerait à taire son nom. Guy Georges (Antillais) et Patrice Allègre (Français) sont des « serial killers ». Fort bien. Mais alors qu’on m’explique pourquoi, quand il s’agit d’un crime commis par un peuple, un état ou une civilisation bien particulière, on s’acharne à en dissimuler le nom ? Pourquoi ? Non, monsieur Fienkielkraut, si la Shoah est bien une abomination, elle n’a été mise en œuvre ni par les Nègres, ni par les Amérindiens, ni par les Chinois, ni par les Hindous, ni par les Arabes. Elle a été mise en œuvre par l’Occident. Ce même Occident qui n’a cessé de pourrir la vie des Juifs depuis 2.000 ans.

Citons :
- destruction du Temple de Jérusalem par les Romains en l’an 70 et dispersion du peuple Juif.
- inquisition au Moyen-âge par les Espagnols.
- pogroms au XIXè siècle par les Russes et les Polonais.
- chambres à gaz par les Allemands au XXè siècle. rafle du Vel d’Hiv’ par les Français au même siècle etc...etc...

Et puis, deux petites précisions à nouveau et là, Alain Finkielkraut ne peut feindre l’ignorance : « Le Protocole des Sages de Sion » n’a été rédigé ni en hindi, ni an quechua, ni en swahili, ni en chinois, ni en arabe. C’est un faux grossier, un chef d’œuvre d’anti-sémitisme, concocté par la police tsariste et écrit en russe, langue européenne si je ne m’abuse.

Ce ne sont pas les Juifs vivant dans les pays arabes, les Séfarades, qui ont dû fuir comme des dératés pour s’en aller construire un état où ils seraient enfin libres mais bien les Juifs d’Europe, les Ashkénazes, parce qu’ils avaient compris qu’il ne pouvaient plus vivre sur ce continent. Quand la France arrive, par exemple, en Algérie, en 1830, elle découvre trois populations vivant en relative harmonie, les Arabes, les Berbères et les Juifs. Certes, en terre musulmane, le Juif avait un statut inférieur, dit « de protégé » car peuple du Livre, mais on n’a jamais entendu parler, ni au Maroc, ni en Tunisie, ni au Yémen d’entreprise scientifiquement élaborée d’extermination du peuple juif.

Ma question à Alain Finkielkraut est donc simple, naïve même : pourquoi après avoir subi tant d’avanies de la part de l’Occident vous considérez-vous quand même comme des Occidentaux ? Pourquoi un ministre des affaires étrangères d’Israël s’est-il permis de déclarer récemment : « Nous autres, Occidentaux, nous ne nous entendrons jamais avec les Arabes car ce sont des barbares ». Toute la presse bien-pensante d’Europe s’est émue du mot « barbares ». Moi, ce qui m’a choqué par contre, c’est le terme « Occidentaux ». Comment, monsieur Finkielkraut, peut-on se réclamer de l’Occident après avoir subi l’Inquisition, les pogroms, les chambres à gaz et la rafle du Vel d’Hiv’ ? Oui, comment ?

Quand vous aurez répondu à cette question, le vrai débat pourra commencer...

Un ultime point tout de même : quand vous déclarez, sur Radio Communauté Juive, que nous détesterions Israël « parce que ce n’est pas un pays métissé », je préfère croire que vous voulez rire. Quel pays est plus muticulturel et plus multilingue qu’Israël avec ses blonds aux yeux bleus russophones, ses Noirs d’Ethiopie (Falashas) parlant l’amharique, ses Séfarades au type sémite et souvent arabophones et même ses Juifs hindous et chinois ?

Raphaël Confiant, écrivain martiniquais

Avril 2005


Bibliographie : Né en 1951 à la Martinique, auteur de nombreux romans, essais ou poèmes, Raphaël Confiant est aujourd’hui l’un des chefs de file du mouvement littéraire de la créolité. Bibliographie :
- Le Nègre et l’amiral, roman, Grasset, 1988. Réédition Livre de Poche.
- Eloge de la créolité, essai en collaboration avec Jean Bernabé et Patrick Chamoiseau, Gallimard, 1989.
- Eau de café, roman, Grasset, 1991. Réédition Livre de poche.
- Lettres créoles, essai en collaboration avec Patrick Chamoiseau,Hatier, 1991.Réédition Folio.
- Ravines du Devant-Jour, récit, Gallimard, 1993. Réédition Folio.
- Aimé Césaire, une traversée paradoxale du siècle, essai, Stock, 1993.
- L’Allée des soupirs, roman, Grasset, 1994.
- Commandeur du sucre, récit, Ecriture, 1994.
- Mamzelle Libellule, roman, Le Serpent à plumes, 1994 ; réédition poche Motifs, 2000
- Bassin des ouragans, récit, Mille et Une Nuits, 1995.
- Les Maîtres de la parole créole, contes, Gallimard, 1995.
- La Savane des pétrifications, récit, Les Mille et Une Nuits,1995.
- Contes créoles des Amériques, contes, Stock, 1995.
- La Vierge du grand retour, roman, Grasset, 1996.
- La Baignoire de Joséphine, récits, Les Mille et Une Nuits, 1997.
- Le Meurtre du samedi-gloria, roman policier, Mercure de France,1997.
- L’Archet du colonel, roman, Mercure de France, 1998. Réédition Folio.
- Régisseur du rhum, récit, Ecriture, 1999.
- La dernière java de mama Josepha, récit, Les Mille et Une Nuits, 1999.
- Canne, douleur séculaire, o tendresse ! album en collaboration avec D. Damoison, Ibis Rouge, 2000.
- Le cahier de romances, récits, Gallimard, 2000.
- Brin d’amour, roman, Mercure de France 2001.
- Morne-Pichevin, Bibliophane-Daniel Radford, 2002.
- Nuée ardente, roman, Mercure de France, 2002.
- L’adieu au Nord, roman, Mercure de France, 2005.


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